mardi 25 janvier 2011

La Cerisaie - Tchekhov


Que dire de plus de Tchekhov ? C'est d'autant plus difficile pour moi que je le connais trop bien. En effet s'il y a un auteur de théâtre que j'apprécie c'est celui-ci. La Cerisaie qui est considérée comme une des œuvres majeures du maître m'a moins plus que La Mouette, sans parler de Platonov, son terrible chef-d’œuvre de jeunesse (je ne le répéterai jamais assez). Peut être est-ce parce que comme dans ses nouvelles, on y parle un peu plus d'argent, de situation sociale et un peu moins de désespoir (vous l'aurez compris, il s'agit d'un écrivain russe). Mais le seul véritable thème reste comme toujours les personnages. Le premier acte, qui est un acte d'exposition est un peu trop long. Il parait confus et il y a trop de personnages à retenir, mais au théâtre cela doit être tout à fait différent. L'une des choses que j'aime chez Tchekhov c'est qu'il ne semble pas prendre parti pour l'un ou l'autre de ses protagonistes mais garde une certaine distance et laisse le spectateur seul juge. Ici pas de héros. Tout les personnages ont une faiblesse ou des petites manies qui les rendent extrêmement agaçants et sympathiques à la fois. L'éternel étudiant Trofimov est pédant, la propriétaire Andréevna est inconséquente et gaspille son argent, son frère Gaev fatigue les gens par ses longs discours, le valet Yacha pue l'arrogance et même le sensé Lopakhine n'arrive pas à se décider à épouser Varia. Certains se détestent, d'autres s'entendent bien et il n'y en a pas un qui doit être mieux que les autres.

Extrait :
LIOUBOV ANDREEVNA
Il faut être un homme à votre âge, il faut comprendre ceux qui aiment. Il faut aimer soi-même... tomber amoureux! (Avec colère :) Oui, oui et ce n'est pas de la pureté, vous n'êtes qu'un petit garçon, un type ridicule, un avorton....

TROFIMOV, épouvanté
Mais qu'est ce qu'elle dit ?

LIOUBOV ANDREEVNA
" Je suis au dessus de l'amour "! Vous n'êtes pas au dessus de l'amour, vous n'êtes tout bonnement q'un empoté, comme dit notre Firs. Quand je pense, à votre âge, ne pas avoir de maîtresse!...

TROFIMOV, épouvanté
C'est affreux! Mais que dit-elle? (Il se dirige rapidement vers la salle, la tête dans les mains.) C'est affreux... Je n'en peux plus, je m'en vais... (Il sort, mais revient aussitôt.) Tout est fini entre nous!

Il va vers le vestibule.

LIOUBOV ANDREEVNA, criant derrière lui.
Pétia, attendez! Que vous êtes drôle! C'était une plaisanterie, Pétia! (On entend quelqu'un monter vivement l'escalier, dans l'entrée, puis rouler en bas avec fracas. Ania et Varia poussent des cris, mais très vite, on entend des rires.) Que se passe-t-il ?

Ania entre en courant

ANIA, riant.
Pétia est tombé dans l'escalier!

Elle se sauve.

LIOUBOV ANDREEVNA
Quel drôle de type, ce Pétia...
Note : 4/5

5 commentaires:

  1. Tiens, j'avais écrit un commentaire, mais il semble avoir disparu... est-ce un problème temporaire? Au cas où ce ne le serait pas, je vais le réécrire.
    J'ai adoré lire Oncle Vania, et même si je n'ai pas lu La cerisaie, je me suis toujours promis de mettre la main sur d'autres oeuvres de cet écrivain! ^^

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  2. Les œuvres complètes en Folio sont parfaites pour ça ! J'ai presque tout lu...et suis moins sévère sur le compte de la Cerisaie que notre ami Bob, même si elle n'a pas, c'est indéniable, l'attrait de Platonov, pour les jeunes que nous sommes...
    Oncle Vania est une pièce très émouvante elle aussi...

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  3. Avec un 4/5 tu avoueras qu'il s'agit d'une sévérité toute relative ^^ Le poids des ans, surement... ;)

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  4. Oh je ne parlais pas d'une sévérité dans l'absolue, plutôt relativement à Platonov et à la Mouette dont tu parles plus élogieusement ;)

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  5. "Je sais bien qu'à vingt-deux ans il écrit une pièce-fleuve, pièce sans titre, brouillon et chef d'oeuvre.
    J'en possède la traduction intégrale : œuvre interminable, avec des rejets, des reprises, des digressions, des folies de construction. Tout y est très beau ou presque mais, semble-t-il injouable tel quel."
    Jean Vilar à propos de Platonov ;)

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