samedi 26 novembre 2011

Tous les pièges de la Terre - Clifford D. Simak


Cette nouvelle incursion dans les mondes de l'Imaginaire me donne l'occasion de parler de Clifford D. Simak, mon écrivain préféré de science fiction (avec Ray Bradbury, de manière beaucoup moins originale). Il s'agit de l'un des auteurs majeurs de "l'âge d'or de la science-fiction", qui a vu fleurir dans les années 30 au Etats-Unis de nombreux magazine de popularisation de ce genre. Ceux-ci ont permis la naissance d'une nouvelle génération d'écrivains, parmi lesquels Isaac Asimov est l'exemple plus célèbre et sans doute le plus proche de Simak par le style et les idées. Ce dernier n'est cependant pas seulement un auteur de sa période. En effet il arrive à mêler de manière parfaitement naturelle, des thèmes propres à la science-fiction à la mentalité campagnarde de son Wisconsin natal. C'est probablement ce qui explique le choix de la couverture du numéro 22 de Bifrost qui lui est consacré, où un robot est confortablement installé dans un fauteuil avec des pantoufles. Ses sujets de prédilection sont presque toujours les mêmes : les robots, les extra-terrestre, les voyages dans le temps et l'espace, les capacités psychiques... Le héros "simakien" est généralement un individu tolérant, à travers lequel transparait l'humanisme de l'auteur. Ses livres les plus connus sont "Demain les chiens" et "Au carrefour des étoiles", véritables chefs-d’œuvre auxquels ont pourrait encore rajouter "Dans le torrent des siècles". Mon coup de cœur personnel fut il y a des années "La réserve des lutins", l'une des rares incursions de l'auteur dans la fantasy, où l'on voit notamment le fantôme (amnésique) de Shakespear taper la discute au café du coin (j'ai oublié l'essentiel de l'histoire mais en garde un très bon souvenir). Pas grand chose de plus à dire sur "Tous les pièges de la terre", si ce n'est qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles qui ne dépare pas du reste de la production du maître. Cela se lit facilement et avec plaisir, mais ne restera pas dans les annales de la littérature, où même d'un auteur aussi prolifique.

Note : 3/5

vendredi 11 novembre 2011

La Compagnie noire - Glen Cook


J'étais curieux de découvrir ce cycle dont on dit énormément de bien sur les sites consacrés à la littérature fantastique (notamment ArcaneSFantasy) et dans les milieux consacrés. La visite des Halles de Lille, très bel endroit où dénicher des livres d'occasion, m'a permis de satisfaire ma curiosité. Autant le dire dès le début, par rapport à l'attente qu'il avait suscité, ce livre m'a un peu déçu. On m'avait décrit les périples d'une compagnie de mercenaires sans foi ni loi, dont la narration devait dépoussiérer les codes de la fantasy, trop souvent encombrée de stéréotypes (à ce sujet lire l'hilarante chronique sur le blog de Boulet). Force m'est d'avouer que sur ce point, on ne m'avait point menti. Nous avons donc bien à faire avec de la Dark Fantasy (genre que je voulais essayer), où la frontière entre le bien et le mal n'est jamais claire. Par exemple, les membres de la Compagnie noire sont de vulgaires soudards, prêts à tuer, voler et piller, pourvu que cela soit dans leur propre intérêt ou que leur commanditaire le leur demande. Mais en même temps, on ne peut que s'attacher à ces hommes qui suivent leur propre code de l'honneur et forment une famille. C'est l'esprit de caserne. D'un autre coté je vois bien ce qui a plu aux lecteurs de Fantasy : il s'agit d'un récit presque uniquement factuel, dont la "morale" et les préoccupations sont prédestinées à un public masculin. En effet l'absence de considérations psychologiques où poétiques créent une certaine sécheresse, qui correspond d'ailleurs tout à fait à la vision que peut avoir un mercenaire de la guerre. Ici, pour une fois, pas de longues descriptions de paysages bucoliques, mais une succession de batailles et d'évènements, qui ne parviennent cependant pas à donner l'avantage à l'un ou l'autre camps. Les lecteurs, comme le narrateur, n'ont d'ailleurs qu'une connaissance partielle de la situation, ce qui donne parfois l'impression d'une sorte de confusion. Ces choix, comme on le voit, sont tout à fait justifiés, mais créent également un effet de répétition. C'est pourquoi malgré la fluidité du style et l'envie de continuer, j'ai fait une pause d'un mois dans ma lecture à cause d'une certaine lassitude. Quoiqu'il en soit, "La Compagnie noire" est un bon livre, qui mérite d'être découvert, même si je ne pense pas continuer ma lecture avec les tomes suivants.

Note : 3/5

mercredi 9 novembre 2011

Terry Pratchett - Mortimer


Extrait :
- J'OFFRAIS A VOTRE FILS UNE SITUATION, dit la Mort. J’ESPÈRE QUE VOUS N'Y VOYEZ AUCUNE OBJECTION ?
- C'est quoi votre métier, déjà ? demanda Lezek qui s'adressait à un squelette en robe noire sans manifester le moindre semblant de surprise.
- J'INTRODUIS LES ÂMES DANS L'AUTRE MONDE, dit la Mort.
- Ah, fit Lezek, bien sur, excusez-moi, j'aurais dû deviner d'après votre costume. Un travail indispensable, très régulier. Vous exercez depuis longtemps ?
- DEPUIS UN CERTAIN TEMPS, OUI, dit la Mort.
- Bien. Bien. J'avais jamais vraiment pensé à ce métier-là pour mon fils, vous savez, mais c'est un bon travail, très sur. C'est quoi votre nom ?
- LA MORT.
- Papa... s'empressa le garçon.
- J'crois pas connaitre cette maison-là, dit Lezek. Où vous avez pignon, exactement ?
- DES PROFONDEURS INSONDABLES DE LA MER JUSQU'A DES ALTITUDES OU MÊME L'AIGLE NE SE RISQUE PAS, dit la Mort.
- C'est pas mal, approuva Lezek. Eh ben, je...
- Papa », fit le jeune garçon en lui tirant sur le manteau.

Le Disque-Monde est un monde plat, reposant sur le dos de quatre éléphants, eux-même juchés sur la carapace de la gigantesque tortue A'Tuin qui parcourt l'univers. Configuration absurde et improbable, il est vrai, "mais les magiciens, eux, ont calculé que les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix".
Pour ceux qui n'auraient pas la chance de le connaitre, Terry Pratchett est un humoriste britannique, qui s'amuse à parodier différents genres littéraires et en particulier l'heroic-fantasy, avec beaucoup de réussite. Dans "Les Annales du Disques-Monde" il dresse le portrait d'un univers médiéval-fantastique complètement loufoque, sorte d'antithèse de celui de Tolkien. En outre, si les habitués de la fantasy seront les seuls à percevoir certaines références, il n'est pas du tout nécessaire d'être fan de ce genre de littérature pour apprécier ce cycle, pourvu que l'on possède un peu de cette magie communément appelée "humour".
Pour ce quatrième épisode nous abandonnons les aventure de l'incompétent mais néanmoins sympathique magicien Rincevent, afin de nous consacrez au jeune Mortimer, qui se retrouve embauché comme apprenti chez la Mort. Ce dernier (oui, la Mort a beau être une personnification anthropomorphique, il est masculin), semble traverser une période creuse et en profite alors pour s'offrir des vacances... ce qui donne lieu à des situations assez cocasses. Avec "Mortimer" c'est un Terry Pratchett en très grande forme que l'on retrouve et qui va vous faire... mourir de rire.

Note : 4/5