dimanche 19 juin 2011
La forêt des mythimages - Robert Holdstock
samedi 11 juin 2011
A Game of Thrones, Book one of A Song of Ice and Fire, George R. R. Martin
Connue en français sous le nom de Trône de fer, la série de George R. R. Martin a rassemblé de nombreux lecteurs depuis la parution du premier tome en 1996. Cette œuvre culte a donné lieu à de nombreux avatars : jeux de plateau, jeux de cartes, jeux de rôle, et plus récemment, série télévisée (et bientôt, jeux vidéos). C'est par ce biais que je me suis mis à lire George R. R. Martin. La série, produite par HBO, m'a attiré dès que j'en ai entendu parler. Déjà, parce que c'est une série d'HBO (The Sopranos, The Wire, Six Feet Under, les mini-séries Band of Brothers et The Pacific, plus récemment Boardwalk Empire...bref, les meilleures séries sont chez eux !) ensuite, parce que j'aime la fantasy, et que Sean Bean dans un casting de fantasy, c'est alléchant. J'ai été conquis dès le premier épisode, j'ai acheté le bouquin au troisième épisode et maintenant je l'ai fini avant même la fin de la série.
Un petit mot du projet : A Song of Ice and Fire, les ambitions épiques sont présentes dès ce titre alléchant. Et cette grande fresque médiévale-fantastique a tout d'une grande épopée. Un royaume de type féodal, partagé en sept royaumes, momentanément unis sous un seul roi, Robert Baratheon, mais plus pour longtemps ; le « game of thrones » est sur le point de commencer, et entre intrigues politiques et grandes batailles, le Royaume va être déchiré par le fer et noyé dans le sang. Ajoutez à cela des saisons particulières : l'été peut durer plusieurs années, l'hiver plusieurs décennies, avec des durées variables (on ne sait jamais combien de temps une saison peut durer). Et bien sûr, puisque le roman s'ouvre sur un moment de crise, un été de près de dix ans est sur le point de s'achever, pour laisser place à un terrible hiver. Et en hiver, il ne fait pas seulement froid : au Nord du Mur – construit huit mille ans auparavant pour protéger le royaume des « Sauvages » qui vivent au-delà, et d'un certain nombre de créatures plus ou moins fantastiques – lesdites créatures ont tendance à se manifester. Le fantastique, rejeté en-dehors du royaume des hommes, le menace. C'est ce qui fait le charme de la fantasy à la sauce Martin (prononcez à l'anglaise pour éviter d'évoquer une cuisine française de bas-étage) : un univers très féodal, fort semblable à l'Europe médiévale, avec un fantastique diffus, concentré dans les histoires pour enfants, les légendes de l'ancien temps. Il y avait des dragons, mais ils ont disparu, n'en restent que les crânes géants dans une des salles souterraines du château royal ; on parle de « white walkers », sorte de légende urbaine pour effrayer les enfants, et que l'on retrouve dans les injures « the Others take you ». Pourtant, sur le Mur, on va commencer à y croire, à ces légendes...
La narration fonctionne très bien, dans l'alternance des points de vue. Chaque chapitre porte un nom de personnage (principalement ceux de la famille Stark, seigneurs du Nord et « héros » du roman) ce qui permet d'offrir différents éclairages sur les situations et de suivre des évènements qui se déroulent à des endroits très différents : on suit par exemple la princesse en exil Daenerys, très en marge de l'histoire principale des Sept Royaumes qu'elle n'a jamais vue – mais verra peut-être. On suit le jeune Jon Snow, un bâtard de la famille Stark, qui s'engage auprès des gardes du Mur, la « Night Watch » (engagement à vie, sur serment) ce qui permet d'évoquer directement la menace du Nord et de l'hiver approchant. On suit plusieurs autres membres de la famille Stark : Eddard, le chef de famille, Catelyn, sa femme, leur fils Bran, leurs filles Sansa et Arya. Mais on suit aussi Tyrion, un nain (non au sens de la race fantastique, mais bien au sens où on l'entend couramment : un homme qui a eu la malchance de naitre petit) membre de la famille ennemie des Stark, les Lannister. Au bout du compte, même si on se prend à chérir les Stark, procédés narratifs obligent, difficile de distinguer bons et méchants comme trop souvent dans ce genre littéraire. Chez Martin, la politique est plutôt comme chez Machiavel, des choix sont faits, certains respectent une morale, un honneur, d'autres moins. En cela, c'est bien un livre intelligent, qui explore la complexité du monde et de l'homme.
D'autre part, la multiplicité des points de vue, les différents lieux où se déroule l'action, permettent de rencontrer les personnages secondaires sous divers angles, et de retrouver des membres de ces grandes familles féodales un peu partout. Je ne peux que saluer l'incroyable travail accompli sur cet aspect féodal : les grandes familles, leurs féaux, toutes les familles nobles ayant leur propre héraldique. On s'y perd presque, avec tous les mariages, les alliances, etc. C'est d'ailleurs le reproche que font certains à l'œuvre de Martin : il voit trop grand, trop large, trop complexe, on finit par perdre un peu le fil d'un action qui ne se déroule pas assez vite. Vous l'aurez compris, je ne suis pas de ces détracteurs, mais bien un grand admirateur de cet ouvrage qui accumule les qualités littéraires et les canons de la Fantasy traditionnelle, sans jamais tomber dans les clichés simplistes. Je n'avais pas vibré comme cela depuis longtemps à la lecture d'une histoire.
Un petit mot, enfin, de cette adaptation en série : c'est à voir, pour les lecteurs de Martin comme pour ceux qui veulent juste se faire plaisir avec de la bonne Fantasy au cinéma ; car c'est bien du cinéma. Loin de l'échec navrant de l'adaptation de L'épée de vérité il y a peu, HBO frappe fort et juste. Mention spéciale à Peter Dinklage, qui incarne Tyrion Lannister, ou encore à Aidan Gillen, le Tommy Carcetti de The Wire, qui ici aussi fait de la politique, donnant ses traits au personnage de " Littlefinger " ; mais tous les acteurs sont bons, et le résultat fonctionne. On déplore même assez peu d'écarts par rapport au récit original. Bref, je suis conquis.
lundi 6 juin 2011
Dodici racconti - Dino Buzzati
jeudi 2 juin 2011
Race et Histoire - Claude Levi-Strauss
Cela signifie deux choses : d'abord que le "progrès" [...] n'est ni nécessaire, ni continu ; il procède par sauts, par bonds, ou, comme diraient les biologistes, par mutations. Ces sauts et ces bonds ne consistent pas à aller toujours plus loin dans la même direction ; ils s'accompagnent de changements d'orientation, un peu à la manière du cavalier des échecs qui a toujours à sa disposition plusieurs progressions mais jamais dans le même sens.
Extrait 2 :
Note : 5/5Nous considérons ainsi comme cumulative toute culture qui se développerait dans un sens analogue au nôtre, c'est-à-dire dont le développement serait doté pour nous de signification. Tandis que les autres cultures nous apparaîtraient comme stationnaires, non pas nécessairement parce qu'elles le sont, mais parce que leur ligne de développement ne signifie rien pour nous, n'est pas mesurable dans les termes du système de référence que nous utilisons.