jeudi 19 mai 2011

Now Wait for Last Year

Je fais mine, avec ce titre, de commenter un autre ouvrage ; mais non, c'est bien le même. J'ai lu les aventures d'Éric Sweetscent juste avant notre ami Bob, et prend finalement le temps d'écrire un petit billet, non pas tant pour faire concurrence que pour offrir des mots complémentaires des siens. J'aimerais dire un autre point de vue, mais en réalité il est sensiblement le même : j'ai moi aussi bien apprécié ce délire temporel.

J'avais besoin de lire un roman pour m'amuser, retrouver cette littérature de SF trop longtemps négligée. Alors je l'ai avalé en deux jours, j'ai à peine mâché, j'ai englouti tout cela. Et l'effet n'était que plus fort, j'ai vraiment eu la sensation de déraper. Je lisais notamment le livre dans le train, et croyez-moi, au bout de deux heures de Dick dans un train, on ne sait plus trop où on est. Man, you're so messing with my head. C'était presque comme prendre du JJ-180, mais l'effet était plus léger, plus flou. J'étais juste perdu. C'était à la limite du désagréable, mais j'ai somme toute vraiment apprécié l'expérience.

Ce romancier est fou, je le savais, j'en suis persuadé maintenant. Son roman donne l'impression de partir dans tous les sens, et en même temps reste très cohérent (qualité essentielle en science-fiction s'il en est) et retombe finalement sur ses pieds. La relation du personnage principal à sa femme est un nœud essentiel de l'intrigue, moteur de l'activité même du docteur (la raison de son engagement auprès de Molinari, le dictateur ; la cause de son expérience du JJ-180, etc). C'est l'occasion d'oublier les délires temporels pour s'adonner à un peu de psycho-sociologie autour de ce couple auto-destructeur.

Un peu comme Will Smith qui est ravi de mettre des Converses au début de I-Robot – film adapté d'un roman d'Isaac Asimov, dont il faudra d'ailleurs parler un jour – il y a dans En attendant l'année dernière une fascination pour les époques passées – dont notre présent – celui de l'auteur veux-je dire – fait partie. C'est un thème récurrent en SF. Ici, cette nostalgie s'exprime par la reconstitution minutieuse du Washington des années 30 commandée son patron Virgil Ackerman – précisons pour l'anecdote qu'il est PDG des Fourrures et Teintures de Tijuana, entreprise dont le nom ne laisse pas soupçonner la puissance pourtant bien réelle. Wash-35, comme on l'appelle, est installée sur la Lune, et la Kathy Sweetscent, la femme de notre héros, est d'ailleurs celle qui s'occupe de trouver et d'acheter des objets d'époque pour leur patron.

En somme, ce roman de Philip K. Dick se lit presque d'une traite. Bien complexe sans dépasser son lecteur – enfin, cela doit dépendre du lecteur – c'est assurément un roman de SF à recommander, même s'il n'est pas révolutionnaire.

1 commentaire:

  1. Excellente chronique. De plus c'est intéressant de voir que tu as eu une lecture différente de la mienne. Molinari m'avait beaucoup marqué, plus jeune. Toi tu as plus insisté sur Kathy, mais dans l'ensemble ton billet résume mieux le livre. Intéressant aussi l'impression que tu as eu. Je suis presque vacciné à force de lire de la SF et des trucs bizarres.

    RépondreSupprimer