La maladie blanche, Karel Capek
Une pièce de théâtre que l'atelier théâtre de l'ULB avait envisagé de jouer, proposée par un ami. Une maladie mortelle décime la population mondiale, un médecin trouve un remède et soigne gratuitement les pauvres, mais refuse de s'occuper des riches s'ils ne mettent pas un terme aux guerres et aux injustices sociales. Une intrigue simple et bien construite, efficace même, qui traite de grands thèmes sociaux avec humanité. Par rapport à L'invitation au château qui a finalement été retenu, manque peut être d'un grain de "Dali".
Roublard, Terry Pratchett
Terry Pratchett quitte pour une fois les rivages de la fantasy, pour nous embarquer à la suite d'un jeune "ravageur" sans le sou dans le Londres de Dickens, qui y fait d'ailleurs plus d'une apparition. Toujours drôles et délirants, ses récits souffrent parfois d'un manque de construction et du syndrome du "grand-n'importe-quoi". Pas ici, avec cette histoire très bien écrite et publiée récemment, alors que l'auteur avait sans doute déjà pris "de la bouteille".
L'invitation au château, Jean Anouilh
La pièce qui a été jouée par l'atelier théâtre de l'Université Libre de Bruxelles fin mars 2014 et dans laquelle j'ai eu le plaisir d'interpréter le rôle des jumeaux Horace et Frédéric. Autant l'un est dominateur et sur de lui, autant l'autre est timide et sensible. C'est au second que va se fiancer la belle et richissime Diana Messerschmann, qui semble pourtant préférer le premier. Celui-ci invite alors une jeune danseuse à un bal afin que son frère en tombe amoureux... Une comédie légère en apparence, qui prend parfois des airs de vaudeville, mais révèle sa nature complexe au fur et à mesure que se dévoile l'intrigue. En effet, chaque personnage est obligé de se positionner par rapport à une société cynique qui n'apporte de l'importance qu'au pouvoir et à l'argent. Des dialogues ciselés, une certaine finesse, une mécanique implacable, beaucoup d'humour, certaines libertés prises avec les conventions théâtrales et un regard sur le monde finalement assez désabusé. Pas de doute, ce petit bijou ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il demeure.
Le meilleur des mondes, Aldoux Huxley
Déjà lu il y a plusieurs années, relu pour un cours de littérature, ce dernier m'a permis de mieux comprendre ce roman, notamment les influences du bouddhisme et du behaviorisme sur l'auteur. Contrairement à 1984 de George Orwell, la dictature décrite ici ne s'applique pas tant par la force et le contrôle politique des gens que sur leur conditionnement. Au delà de l'histoire et de l'ironie omniprésente, qui en valent la peine pour eux-même, ce livre nous en dit surtout beaucoup sur l'évolution de la société et la nature humaine.
Ivoire, Mike Resnick
Mike Resnick, que j'ai découvert par hasard il y a quelques années, est selon moi l'un des très bons écrivains de science-fiction actuels. Comme dans tout les autres livres que j'ai lu de lui, il allie un certain classicisme, une écriture fluide et un univers original qui mélange les voyages dans l'espace et l'Afrique. Cette fois le personnage principal aide le dernier descendant des massaï à retrouver les défenses d'un éléphant tué sur terre il y a des milliers d'années. Chaque découverte est un prétexte à un chapitre qui raconte un passage de l'histoire de cet objet qui a porté malheur à tout ses propriétaires. Divertissant, Ivoire est tout de même un cran en dessous des romans faisant partie de L'infernale Comédie, qui comportent une réflexion sur la colonisation.
Les Hauts de Hurlevent, Emily Brontë
Imaginez, vous êtes seul dans votre grande demeure campagnarde, tandis que le vent et la pluie tempêtent à l'extérieur. Vous essayez péniblement de vous rapprocher du feu, mais votre âme est rongée par la passion, l'orgueil, la rancœur... Ce classique de la littérature britannique, torturé, douloureux, summum de la tendance anglaise pour le masochisme, est uniquement concentré sur les circonvolutions de l'âme humaine. Grande recherche de la complexité des personnages, légèrement agaçants sur les bords. Plus romantique, tu meurs.
Ronde de nuit, Terry Pratchett
Encore un Terry Pratchett ! Oui, car les connaisseurs disent "un Terry Pratchett", comme on dit "un Woody Allen", tellement chacune de leur œuvre leur ressemble. Cet épisode du cycle du Disque-monde fait partie de ceux concernant la garde de la cité d'Ank-Morpok, mais peut se lire indépendamment des autres. Et au delà du rire toujours présent, on peut se surprendre à apprécier les réflexions politiques développées par l'auteur...
Le portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde
Là encore une obligation, mais effectuée avec plaisir. Un style magnifique, dont je ne sais quelle part de mérite doit être attribuée au traducteur. L'auteur, en véritable dandy, décrit les apparences pour sonder les cœurs. Un monde superficiel, des personnages avec lesquels on garde toujours une certaine distance, mais de très belles pages.
Mes hommages à la donzelle, San Antonio
San Antonio c'est.une verve, un style vivant, jouissif et inimitable. Pour le reste, on a parfois l'impression qu'il écrit ses bouquins en deux semaines afin de mettre du beurre dans ses épinards. Mais il y a des livres que l'on choisit aussi en hommage à la donzelle...
Eux qui marchent comme les hommes, Clifford D. Simak
Simak est depuis longtemps mon écrivain de science-fiction préféré avec son compatriote Bradbury. Seulement, après avoir dévoré ses chefs-d’œuvre (Au carrefour des étoiles, Dans le torrent des siècles...) beaucoup de ses livres m'ont déçu. Comme la majorité des auteurs de l'époque dans ce genre (Isaac Asimov, Fredric Brown...) sa production est très inégale car soumise à des impératifs financiers. Ce livre est à peu près dans la moyenne, avec un style classique et proche du policier, des incohérences de scénario que la légèreté de la narration fait oublier et une très bonne idée : au lieu d'envahir la terre, les extra-terrestres ont décidé de l'acheter petit à petit jusqu'à la contrôler. Après avoir fini ce roman, je n'arrivais toujours pas à décider si Simak dans les années 60 avait conscience de l'aspect subversif de son livre et de la critique sociale qu'il constitue vis à vis du capitalisme. Le titre, identique en anglais, semble pourtant le confirmer et il est donc dommage de le trouver aussi en français sous celui d'Une certaine odeur.
Les chevaliers de la brune, Tim Powers
Après avoir lu de cet écrivain "Le tombeau d'Anubis", excellent roman Steampunk, j'avais envie de continuer l'aventure. Ce livre n'a pas tout le talent de son aîné mais lui ressemble en bien des points, notamment de se dérouler dans un cadre historique traversé par la magie. Vienne est assiégée par l'empire ottoman, mais derrière les guerres des nations, une autre bataille plus importante se déroule entre les puissances magiques de l'occident et de l'orient. En effet, si Vienne tombe, c'est le cœur spirituel de l'Europe qui disparait puisqu'il est situé dans... une bière unique fabriquée dans une brasserie de la ville. Du coup, qui mieux qu'un mercenaire alcoolique pour défendre les valeurs occidentales ? Un bon roman de fantasy, ni plus, ni moins.
La goutte d'or, Michel Tournier
L'auteur le dit lui-même dans l'une de ses interviews : ses romans ne sont que des prétextes pour faire passer "de la philosophie de contrebande". Ce à quoi on peut objecter en citant la fameuse phrase qu'aurait prononcée Mallarmé : "Ce n'est pas avec des idées que l'on fait des vers, mais avec des mots". En effet, si les réflexions de Tournier sur les dangers d'une société de l'image véhiculée par la culture occidentale sont extrêmement pertinentes, si la comparaison apportée par la civilisation "arabe" est bienvenue, la répétition des situations, le manque de subtilité des démonstrations et la sécheresse du style peuvent en décourager plus d'un.
Retour au meilleur des mondes, Aldoux Huxley
Il ne s'agit pas d'une suite au Meilleur des mondes, mais d'un essai écrit une vingtaine d'années plus tard, qui explicite et développe les théories qui sous-tendent le roman. Et c'est à ce moment seulement que je me suis aperçu du génie de l'auteur. Huxley y présente une vision extrêmement pessimiste de notre société, où les progrès de la science comportementale permettent un contrôle de plus en plus important des êtres humains. Il conclut sa présentation par un appel libertaire à la résistance intellectuelle, presque désespéré. Écrit en 1958, certains arguments sont datés mais le reste était visionnaire.
To be à suivred...
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